
La portée historique de la grève des ouvriers agricoles de la banane en Janvier Février 1974
Le rappel des faits
La grève des ouvriers agricoles de la banane a démarré le 17 janvier 1974 sur l’habitation Vivé au Lorrain. Les ouvriers touchaient des salaires de misère et les conditions de travail, d’hygiène et de sécurité étaient tout à fait déplorables. Dans les années 70, des groupes politiques formés de jeunes intellectuels comme le GAP (Groupe d’Action Prolétarien), le GS 70 (Groupe Septembre 1870), animés par la volonté de se mettre au service de leur peuple, réalisaient avec les ouvriers agricoles un travail syndical, un travail d’alphabétisation et de formation politique. La rencontre entre les ouvriers agricoles et ces jeunes intellectuels va créer les conditions pour le déclenchement de la grève.
Aussitôt déclenchée, la grève s’est étendue à presque toutes les habitations de Martinique, car les travailleurs ont utilisé la tradition de la grève marchante, en allant sur les habitations pour débaucher les ouvriers.
Le mouvement était coordonné par le Comité de Grève des Travailleurs Agricoles, avec une plateforme de revendications en 1 1 points. Les ouvriers de la banane ont défilé à Fort-de-France, le 12 février 1974 (ils étaient mobilisés depuis un mois), lors d’un mouvement de grève générale réunissant des milliers de travailleurs.
Les négociations en préfecture n’ayant rien donné, le 14 février, le Comité de Grève a décidé la poursuite du mouvement. Un groupe important de grévistes s’est trouvé confronté avec les gendarmes sur le pont de la rivière du Lorrain, puis une deuxième fois à Fonds Brûlés. Un important dispositif militaire avait été mis en place plus au nord, entre Le Lorrain et Basse-Pointe.
En arrivant sur le plateau de Chalvet, les ouvriers ont été encerclés par les gendarmes, tandis qu’un hélicoptère leur lançait des gaz lacrymogènes. Au cours de l’affrontement les gendarmes ont ouvert le feu. Le bilan est lourd : un mort, Rénor ILMANY, père de famille de 55 ans et cinq blessés. Le 16 février, au moment de l’enterrement d’llmany, le corps mutilé du jeune Georges MARIE-LOUISE a été découvert à l’embouchure de la Capot.
Il faut aussi rappeler que pendant la grève, l’UPSOA (Union Patriotique de Soutien aux Ouvriers Agricoles) a développé une solidarité active pour la popularisation du mouvement et organisé le soutien matériel, politique et financier pour les travailleurs en lutte.
Rédigez un commentaire: